mardi 19 avril 2011 : Le Quatuor Enesco à Castries

Publié le 16 Avril 2011

En prélude à l'édition 2011 du festival :


 

Musique sacrée à Castries 

 

mardi 19 avril 2011

Eglise paroissiale St joseph de Castries 20h.30

 

Quatuor Enesco 

Constantin Bogdanas violon, Florin Szigeti violon,

Vladimir Mendelsshon alto, Dorel Fodoreanu violoncelle

 

Père Patrice Sabater,

récitant

 

Joseph Haydn :

« Les 7 Dernières Paroles du Christ en Croix »

 

Tarif : 20€

Réduit (moins de 25ans et ayants droit sociaux) 10€

Ouverture billetterie à partir de 19h.

 

Réalisation : Festival de Villevieille

 

 

Une œuvre riche et inspirée, interprétée dans son contexte.

 

Grâce à la télévision nous avons pu voir des opéras comme Tosca, La Traviata et plus récemment Rigoletto se dérouler dans les temps et les lieux de leur action. Cette recherche d’authenticité vaut également pour le concert, notamment pour la musique sacrée lorsqu’elle trouve son cadre naturel dans une église et aussi le contexte précis dans lequel elle a été créée, comme cette œuvre de Haydn, composée pour répondre à la commande d’un chanoine de Cadix voulant une musique instrumentale commentant les sept dernières paroles de Jésus sur la croix, destinée à être jouée pendant le Carême.

L’œuvre, sous sa forme orchestrale, est donnée en l’église Santa Cueva de Cadix le 6 avril 1786. Suivront une version sous forme d’oratorio, avec chœur, solistes et orchestre ; une réduction pour piano et une autre version, pour quatuor à cordes.

 Cette composition devait s’adapter à la disposition qui mettait en scène la lecture du texte évangélique. « Les murs, les vitraux et les piliers de la cathédrale étaient recouverts de draps noirs.  Seule une grosse lampe suspendue au centre éclairait ces divines ténèbres. A midi, on fermait toutes les portes et la musique commençait. Après un prélude adapté aux circonstances, l’archevêque montait en chaire et lisait l’une des sept paroles sur laquelle il prononçait un sermon. Quand il avait terminé, il quittait la chaire et tombait à genoux devant l’autel. La musique comblait cet intervalle. L’évêque montait à nouveau en chaire….Chaque fois qu’il s’était tu l’orchestre reprenait ».

Haydn a présenté lui-même son œuvre, dans une lettre à son éditeur : « Chacune des sonates, chacun des textes plutôt, est rendu par une musique uniquement instrumentale, de telle sorte que même dans l'âme de ceux qui savent très peu de choses, elles suscitent l'impression la plus profonde. »

C’est donc dans cet esprit que ce concert a été organisé afin de donner tout son sens à ces 7 mouvements de quatuor, 7 moments de méditation qui prolongent ou accompagnent le recueillement, la réflexion. C’est ce qui rend précieuse la participation du Père Patrice Sabater, responsable de la paroisse St joseph de Castries en tant que récitant pour proclamer chacune des 7 paroles en les accompagnant d’un commentaire approprié.

Ces sept mouvements lents – huit si nous comptons l' Introduzione-, témoignent d’une richesse de l’invention musicale dans les rythmes, la dynamique, les tonalités, la sélection des thèmes et une peinture sonore et expressive exceptionnelle. Le climat expressif de l’ensemble reste constamment d'une intensité et d'une ferveur suprêmement émouvantes.

 

L’œuvre commence par une introduction solennelle, puis sept sonates commentant chacune l’une des paroles attestées par les Evangiles, le Terremoto enfin, conclusion dramatique évoquant le tremblement de terre qui secoue Jérusalem à la mort du Christ.

La musique de Haydn exprime ici la sérénité, l’immobilité, l’éternité dans un climat de grande ferveur.

Sans rechercher une expressivité particulière, cette musique est propre à la méditation et à la prière.

 

Le cadre de l’église paroissiale de Castries qui vient d’être entièrement rénovée se prête bien à ce concert qui a la prétention d’être un peu plus qu’un simple concert même si l’interprétation propre au Quatuor Enesco est de nature à satisfaire pleinement les attentes des purs mélomanes. L’ensemble jouit d’une réputation qui le classe au rang des meilleures formations actuelles. Leur lecture de l’œuvre de Haydn est bien celle de la tradition viennoise à laquelle ils apportent une touche personnelle que leur permet leur parfaite maîtrise du sens du phrasé, de l’art de la respiration musicale. Leur interprétation est toujours chaleureuse, vivante, inspirée. C’est donc à une soirée à tous égards exceptionnelle que sont conviés certes les castriotes mais aussi tous les mélomanes de l’agglo intéressés.

 

Mardi 19 avril église paroissiale de Castries à 20h 30

Tarif : 20€

Réduit (moins de 25ans et ayants droit sociaux) 10€

Ouverture billeterie à partir de 19h.

Organisation : festival de Villevieille

 

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Analyse musicale de l’oeuvre

 

1 Introduzione: Maestoso ed Adagio

 

2- Sonata I : Largo

Luc- 23,34 : « Père pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. »

 

3- Sonata II : Grave e Cantabile

Luc- 23, 43 : « Aujourd’hui tu seras avec moi au Paradis. »

 

4- Sonata III : Grave

Jean- 19,26 : « Femme, voici ton fils et toi, voilà ta mère. »

 

5- Sonata IV : Largo

Mathieu- 27,46 : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

 

6- Sonata V : Adagio

Jean- 19,28 : « J’ai soif »

 

7- Sonata VI : Lento

Jean- 19,30 : « Tout est accompli »

 

8 – Sonata VII : Largo ; Il Terremoto : Presto e con tutta la forza

Luc-23,46 : « Entre tes mains, Seigneur, je remets mon esprit »

 


 

 

Introduzione. – Maestoso ed adagio ( mineur)

Grandiose et austère, dès les premiers accords, cette page garde une vigueur que confirme les violentes battues d’accompagnement, les rythmes différents affectés aux idées thématiques confiées au violon, ainsi que  les forts contrastes dynamiques qui structurent le phrasé.

Sonate I – Largo 

Père, pardonne leur car ils ne savent pas ce qu’ils font.

Le chant du violon se déroule sur l’ostinato rythmique des basses avec de troublantes échappées vers d’autres tonalités apportant un éclairage plus tamisé ou plus dramatique. Le contre-chant du deuxième violon ne fait que contribuer à la prière.

Sonate II – Grave et cantabile

Aujourd’hui tu seras avec moi au Paradis

Page de grande ferveur. Le violon déroule sa mélodie sur battements, pizzicati ou accords brisés des basses ; une mélodie chère à Haydn fortement apparentée à celle de l’hymne cantique impérial Gott erhalte Franz den Kaiser, avant qu’elle ne devienne celle du Deutschland über alles.

Sonate III – Grave

Femme, voici ton fils et toi, voilà ta mère

Le climat assombri par le premier accord s’apaise un peu sur le chant du violon, qu’accompagnent vite quelques dissonances quand il ne s’adonne pas lui-même à  d’étranges et douloureux frottements oscillant entre tendresse et horreur.

Sonate IV – Largo

Père, Père, pourquoi m’as-tu abandonné !

Le drame de Jésus soudain effrayé se déroule sur la pulsation rythmique ternaire caractéristique de cette œuvre. La mélodie principale est issue de celle de la Sonate II. Elle tourne sur elle-même en volutes teintées de chromatismes inquiétants. Cette page poignante d’émotion qui  reste dans sa tonalité mineure apparaît comme le cœur de l’œuvre.

Sonate V – Adagio

J’ai soif.

Après deux accords d’introduction, le violon chante sur une curieuse trame de pizzicati. Le climat change soudain, l’écriture se transforme et devient plus polyphonique. Le thème en notes répétées s’appuie sur des valeurs plus longues à la basse. Avant la réexposition du thème le développement se termine sur un changement de registre : tout se déplace dans les aigus et les sonorités du violon perdent de leur douceur. 

Sonate VI – Lento

Tout est accompli

Un pesant motif descendant de cinq notes à l’unisson introduit cette page d’un souffle admirable et très symphonique. Le développement qui se déroule sur les cinq notes initiales servant de cantus firmus, atteint une grande densité. Cet exercice de contrepoint n’exclut pas une longue mélodie presque dansante. Haydn confirme ici son détachement du texte évangélique.

Sonate VII – Largo ; Il Terremoto- Presto e con tutta la forza

Entre tes mains, Père je remets mon esprit

Musique éthérée que celle de cette dernière sonate en laquelle tout se détache du matériel. Les quatre instruments se partagent la mélodie. Le rythme perd de sa rigidité  et accepte quelques syncopes. La reprise donne au violon le loisir d’orner la mélodie de petite mélismes et de volutes évoquant les vocalises jubilatoires de toute musique d’église. 

Sans transition éclate la colère des éléments. Musique rapide, hachée que cette évocation du tremblement de terre. Unisson effrayant, puis petits bonds du violons, trémolos, trilles, traits rapides en fusée, tout ce vocabulaire, confirme que la terre a frémi de colère. « Le voile du Temple se déchira, les rochers de fendirent, les tombeaux s’ouvrirent… »

A aucun moment Haydn ne prive l’auditeur de sa liberté d’imagination. Le chemin de chacun n’en devient que plus riche. Cette musique à la simplicité savamment calculée ouvre un champ élargi à la prière et à la contemplation.

Catherine Michaud.

 

 


Le Quatuor Enesco

 

  Diapason d’Or  - Grand Prix du Disque de l’Académie Française du Disque  - Premier Grand Prix du Concours International de Musique de Chambre Paris

Le QUATUOR ENESCO s’est constitué en 1979 ; souhaitant honorer la mémoire de l’illustre Georges ENESCO (1881-1955), ils donnent son nom au Quatuor. Leur rencontre avec les célèbres musiciens Sandor Vegh, Norbert Brainin et Sergiu Celibidache fut de la plus haute importance : le QUATUOR ENESCO s’affirme sur le plan international dès le début de leurs études avec ces grands artistes avec lesquels ils ont entretenu des relations privilégiées.

Leur répertoire se distingue par un très grand nombre de quatuors, aussi bien que de nombreuses œuvres allant du quintette à l’octuor, comprenant des pages classiques et romantiques des 18e et 19e siècles, ainsi que de la musique du 20e siècle, qui occupe une place importante dans leurs programmes. Ils ont interprété un grand nombre d’œuvres contemporaines pour quatuor à cordes composées par : Philippe Hersant, Serge Nigg, Henri Sauguet, Jean-Jacques Werner, Pierre–Max Dubois, Nicolas Bacri, Nicolas Philippot, Jesus Guridi, Xavier Montsalvatge, José Peris Lacasa, Carmelo Bernaola, Josep Soler et José Garcia Roman. Parmi eux, nombreux sont ceux qui ont écrit des œuvres spécialement pour le Quatuor ENESCO.

Ils sont régulièrement invités dans les principaux festivals :Besançon, Prades, La Chaise-Dieu, Montpellier, Paris, Sully, Cannes, Barcelona, Santander, Granada, Stavelot, Echternach, Kuhmo, Guildford, Basel, Bucarest, et ils ont joué avec de grands artistes tels que : Olivier Charlier, Luis Claret, Jean-Philippe Collard, Liat Cohen, Patrice Fontanarosa, Youri Egorov, Pascal Gallet, Ivry Gitlis, Michel Lethiec, Roberte Mamou, Paul Meyer, Aurèle Nicolet, Marielle Nordman, Régis Pasquier, Jean-Pierre Rampal, Mstislav Rostropovitch, Michel Strauss, Gabriel Tacchino, Romeo Tudorache, Haruko Ueda, Jean-Claude Vanden Eynden, Narciso Yepes, etc.…

Le Quatuor ENESCO a joué dans les plus prestigieuses salles du monde : Salle Gaveau, Salle Pleyel et Théâtre des Champs Elysées à Paris, Teatro Real et Auditorio Nacional de Madrid, Fondation Gulbenkian à Lisbonne , Concertgebouw d’Amsterdam, Wigmore Hall à Londres, Library of Congress de Washington, entre autres.

Tous les ans, le Quatuor est invité pour des master classes dans les hauts lieux de la musique en France, aussi bien qu’en Belgique, Espagne, Suisse et Finlande.

Le Quatuor ENESCO a participé au Festival Georges Enesco à Bucarest, au Festival Ivry Gitlis en France, au Koblenz Festival en Allemagne, au Festival de Xalapa au Mexique, ainsi que pour la XVIIe année consécutive au Cycle de concerts de la Fondacion Areces de Madrid en Espagne. Au Festival de Kuhmo en Finlande, leur interprétation a été choisie pour figurer dans le CD live du Festival. Tournées et concerts sont prévus au Luxembourg, aux Pays-Bas, Belgique, Espagne et en Italie (Venise, Roma, Milano), participation dans les Finland Days à La Haye (Pays-Bas) et à Paris. Ensuite le Quatuor Enesco est en Scandinavie (Suède, Finlande et les Républiques Baltes), puis en Autriche, Allemagne, Grande Bretagne, Israël, et en septembre 2009 au « Festival Georges Enesco » à Bucarest. Un deuxième CD dans le cycle Chefs d’œuvres du XXe siècle est publié fin 2009.

 

Leur discographie comprend de nombreux enregistrements pour les maisons françaises de disques Arion, Pierre Verany, Forlane, Rem, ainsi que Claves (Espagne), Novalis (Suisse) et CPO(Allemagne), avec des œuvres de : Schubert, Schumann, Dvorak, Boccherini, Cherubini, Debussy, Ravel, Franck, Chausson, Vierne, Enesco, Janacek, Bartok, Chostakovitch, Guridi. Pour l’enregistrement de Franck et Chausson, avec le pianiste Gabriel Tacchino, ils ont obtenu le Diapason d’Or, et pour le CD comprenant trois quatuors de musique contemporaine française de Nigg, Hersant, Philippot on leur a décerné Le Grand Prix de l’Académie Française du Disque . En Espagne, leur enregistrement des deux quatuors de Guridi a été élu Meilleur disque de l’année .

Ils ont le rare privilège d’être invités à jouer régulièrement sur le quatuor d’instruments Stradivarius – unique au monde – appartenant à la Cour Royale d’Espagne.

Pierre Petit, le célèbre critique musical, dans un article du Figaro , les a nommés « les messagers de la poésie  », et en parlant de leur «  chaleur et virtuosité  », il concluait : « décidément, le quatuor Enesco est un très grand quatuor  ».

Rédigé par Daniel

Publié dans #annonce des concerts 2011

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